Il était une fois un lion qui aspirait à imiter le meilleur mode de vie de la société humaine. Il avait élu domicile dans une vaste tanière et s'efforçait de témoigner une véritable bonté envers tous ceux qu'il considérait comme l'élite des bêtes de la montagne. Sa tanière accueillait souvent une foule de ces animaux, qui se réunissaient en bonne compagnie et se traitaient mutuellement avec civilité.
Le lion se liait d'amitié avec eux et les divertissait selon les règles de l'hospitalité, servant à chacun de ses invités leur plat préféré, préparé avec des ingrédients qu'il savait leur faire plaisir. Il y avait un renard qui vivait avec le lion comme son ami et compagnon, et tous deux étaient très heureux ensemble.
Pendant ce temps, un vieux singe jouait le rôle de découpeur lors des festins, distribuant les parts de viande aux invités du lion pendant le dîner. Lorsqu'un invité n'était pas un habitué, le singe lui servait la même portion que celle offerte à son maître, à savoir le gibier que le lion avait capturé lors de sa dernière expédition de chasse.
En ces occasions, le renard recevait les restes de la veille, et une portion moindre que d'habitude. Un jour, le lion remarqua que le renard refusait ostensiblement de parler et qu'il s'abstenait de toucher à la viande servie au dîner.
Le lion lui demanda ce qui n'allait pas. "Ma sage renarde," dit le lion, "parle-moi comme autrefois ! Réjouis-toi et prends part au banquet, ma chère."
Mais le renard répondit : "Ô lion, le meilleur parmi toutes les espèces de bêtes, j'ai le cœur malade et suis profondément inquiète. Ce n'est pas seulement la situation présente qui me tourmente ; je suis aussi attristée par ce que je vois venir. Si de nouveaux invités arrivent chaque jour, l'un après l'autre, cela deviendra une habitude et bientôt je n'aurai même plus de restes pour mon dîner."
Le lion, amusé, esquissa un sourire de lion. "Blâme le singe pour tout cela," dit-il. "C'est de sa faute, pas de la mienne."